In her shoes

Publié le par Mamzelle C



De la chaussure à l'oeuvre d'art. Peter Lippmann pour Christian Louboutin, collection automne-hiver 2009. Merci Anthony pour le lien ! 


Mademoiselle Chanel, grande penseuse devant l'éternel, avait coutume de dire que quelle que soit sa tenue, une femme se devait de porter de jolies chaussures. Je ne peux pas dire que j'ai toujours retenu cette leçon, loin s'en faut. Mais j'ai toujours nourri une vive passion pour ces petites choses bien pratiques que l'on met aux pieds pour marcher. Pourtant j'aime marcher pieds nus, particulièrement l'été (ma mère se désespère de me voir conduire pieds nus, ce qui est formellement interdit par le code de la route, quand je rentre de la plage). Et pourtant, il s'agit chez moi d'une vraie pathologie. Evidemment, vous pensez bien que mon statut social de pauvre stagiaire rémunérée au minimum légal (cette rémunération, c'est un vrai scandale, comment veux-t-on que l'on consomme dans ces conditions autre chose que du Made In China, mais laissons cela de côté) ne me permet pas d'avoir le dressing de Céline Dion ou de Carrie Bradshaw, même si je me défends pas mal, j'avoue, avec à mon actif seize paires de chaussures (en ce moment, mais le chiffre est susceptible de varier). Et ça va du plus classique comme une paire de bottes cavalières en cuir marron au plus improbable, comme un paire de bottines-santiags en nubuck violet, en passant par une kyrielle de ballerines noires (dont ma fantastique paire de Chloé, hélas, à bout de souffle) et plusieurs paires de Converse (mon record absolu étant quand même de quatre paires de Converse en même temps, toutes de formes et de couleurs différentes). En un mot comme en cent, je me damnerais pour une paire de chaussures, comme ces ballerines Marc By Marc que je contemple dans une vitrine depuis trois mois en me répétant à moi-même comme un mantra « Un jour, elles seront miennes, oh oui elles seront miennes ». Mais ce que j'aime par dessus tout, ce sont les escarpins, et autres chaussures à talons et compensées.


Ma passion pour les chaussures a commencé très tôt je crois, quand j'ai vu pour la première fois le Magicien d'Oz. Dans le film Dorothy avait aux pieds une ravissante paire de ballerines rouges brillantes, et claquait des talons pour se déplacer. Comme la robe couleur du temps de Peau d'Âne a profondément marqué des générations de fashion victime en quête du vêtement parfait, moi j'ai rêvé des années de ces chaussures. Il faut dire que très jeune, ma mère, qui a un goût très sûr en matière de vêtements, a fait mon éducation en m'achetant des ballerines Repetto. A l'époque, on était en avance de quinze ans sur la mode (quand je portais un bermuda à écossais sur des collants aussi d'ailleurs, mais je le regrette moins), les ballerines en question n'avaient pas encore connu d'inflation galopante et j'étais plutôt ringarde avec mes ballerines aux pieds, qui me donnaient un petit style « Cyrillus ». Mais c'était parti, j'avais le virus des jolies chaussures. Alors quand j'ai un coup de mou, je vais surfer sur Pretty ballerinas, regarder des centaines de petites ballerines sagement rangées, ou mieux encore, les fabuleuses créations de Maître Louboutin himself. Là, évidemment, on est plus dans le domaine du portable (vous vous imaginez courir après le bus juchée sur des talons de douze centimètres ? Ah mais non, suis-je bête, quand on a les moyens de se payer des escarpins de luxe, on prend le taxi). Ces chaussures-là, c'est de l'oeuvre d'art, un véritable investissement, sauf que...ça décote, comme une voiture. Et même avec le vintage, on est sûr de rien.


Alors pourquoi rêver encore et encore à ces petites merveilles de chaussures ? Tout simplement parce qu'une paire de chaussures ne saurait jamais vous décevoir (au contraire de beaucoup de choses dans la vie, au premier rang desquelles les relations humaines en général). Car si votre jean fétiche peut ne plus vous aller après un repas de famille un peu chargé, vos chaussures, elles, ne vous décevront pas. Et, quand on le bonheur (malheur) d'atteindre tout juste un petit mètre soixante sous la toise, qui mieux qu'une paire d'escarpins peut vous permettre de gagner les centimètres que Mère nature n'a pas daigné vous donner ? Et ces escarpins, objets de tous mes désirs, sont aussi une part de mystère féminin que j'essaye désespérément de percer depuis ma sortie de l'adolescence. Le bruit des talons qui cliquettent sur le parquet ne s'apparente-t-il pas au son de la séduction (et dieu sait que j'en aurais bien besoin en ce moment) ? Mais, comme le reste, la séduction a un prix. Et celui-là se payera en nature, en témoigne le cor attrapé au pied droit la semaine dernière, qui me condamne, provisoirement heureusement, à porter des baskets.  

Comme d'habitude, une petite chanson, vintage cette fois-ci :

 

 

Publié dans Juillet 2009

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